Château de Brosse : L’arrestation du 12 novembre 1943

Cet article est un complément d’informations du récit Histoire de la famille Nolle – Henri Cartier-Bresson à Luzillé.

Au Château de Brosse de Luzillé, le 12 novembre 1943, une véritable armada de soldats et d’aviateurs allemands lance un assaut en règle. La veille, un résistant en attente de départ vers l’Angleterre a été arrêté en gare de Châteauroux et contraint de dévoiler son plan d’évasion.

Jacques et Thérèse Nolle habitent le château depuis mars 1942. Mr Nolle dirige un réseau de résistant et supervise le terrain d’aviation clandestin de Luzillé, où des allers-retours d’avions Lysander permettent d’acheminer des armes et des résistants à la frontière de la zone occupée.

Ce matin du 12 novembre, vers 4 h, les troupes allemandes sont accompagnées de membres de la Gestapo de Châteauroux, dirigées par un certain Schmidt. Thérèse Nolle réalise tout de suite la situation et se précipite au premier étage pour jeter le pistolet de son mari dans les douves. Elle essuie 3 coups de feu, mais en sort indemne. Opération réussie : pas d’arme au château.

En même temps que Mr Nolle, 3 résistants en attente de départ sont arrêtés : un jeune officier, René Motuel et sa sœur Mme Bourgeois. Mr Motuel est grièvement blessé d’une balle dans la mâchoire lors de l’assaut. Ils sont conduits dans la bibliothèque pour identification et sont rejoints par les travailleurs délogés des chambres de la ferme. Ceux-ci sont des français cachés ici pour éviter le Service du Travail Obligatoire (STO) : Pierre Joyeux (Tours), Marcel Deniau (Amboise), Bernard Hervé (Bléré), Maurice Lebreton (Descartes), Louis Chiésa (Mont-Dauphin), Michel Hombert (Laon), Robert, dit le Gros Robert (Epeigné-les-Bois), Robert Brisou (Tours), Luc et Gui Chauvin (Aulnay sous Bois).

Les jeunes gens assistent aux mauvais traitements infligés aux prisonniers : Mr Motuel, blessé à la mâchoire, est allonge sur le sol et continue à être malmené par la Gestapo .

Les STO le relève et le couche sur un canapé, ils subissent quelques coups.

Un membre de la Gestapo est un français handicapé d’un bras. Il dévisage hargneusement les STO et insiste pour savoir s’il y a des juifs parmi eux. Jacques Nolle, le visage tuméfié des coups reçus encadré par la Gestapo intervient. Il explique avec un calme extraordinaire que les jeunes sont de simples travailleurs avec des papiers d’identité en règle. Ces papiers ont été fabriqués par l’intermédiaire de Mr Bonnin de Luzillé. Ils sont invérifiables car établis par la préfecture de « Seine Inférieure » (Seine-Maritime) où les archives ont brûlé en 1940.

La Gestapo interroge les STO afin de savoir si un fusil est caché dans le château. Ils ne tireront aucune information des jeunes gens car ceux-ci ignorent que celui-ci est le siège d’une cellule de résistance.

Le curé de Luzillé, l’abbé Osty, se présente au château. Il a été réveillé pendant la nuit par la Gestapo à la recherche du château et vient aux nouvelles. Il sera enfermé quelques heures. Sont également présents : Alfred Pinon de Francueil et M Guénon de Tours, Mr Bonjean, le contremaître et régisseurs, Raymonde Arrault, la cuisinière, et un jeune résistant, Jacques Glotz, 20 ans, fils d’amis de la famille, d’Amboise et d’origine israélite.

Les autres « passagers » du vol Lysander, prévu la nuit suivante, sont prévenus en gare de Montrichard et en Forêt de Loches. Vers 10 h du matin, un avion de reconnaissance allemand survole le château. Le château est fouillé de fond en comble, et les STO sont employés à transporter dans les voitures et les camions allemands tout ce qui a été pillé : vivres, vin, essence et matériels divers.

Vers 17 heures, Mr Nolle descend les marches de l’escalier principal encadré par ses gardiens. Mme Nolle apparait en haut des marches et lance d’une voix forte et claire : « courage, c’est pour la France » Mr Nolle sera déporté et reviendra des camps en mai 1945. Le couple Nolle se réinstallera dans l’Aisne.

Jacques et Thérèse Nolle ont été de grands résistants de la première heure. Ils ont accueilli nombres de réfractaires au STO, avec la plus grande gentillesse, nourris et payé avec équité ces travailleurs de la terre un peu particuliers… drôle de paysans. Schmidt, agent de la Gestapo de Châteauroux, sera tué en août 1944. Le Gestapiste français a été abattu à la libération dans les rues de Chateauroux.

Mme Bourgeois sera déportée et mourra à Ravensbrück. Le résistant arrêté à Châteauroux, Jarnias, alias « Figaro », sera déporté à Buchenwald. Jacques Glotz rejoindra son cousin François Mosse dans la Résistance à Bordeaux. Ils seront tués tous les deux en juillet 1944 à Saucats (Gironde). Ils sont enterrés dans le carré militaire du cimetière d’Amboise.

Sources
– Jacqueline Martin Nolle

– Récit de Dr. G. Chauvin, étudiant en médecine en 1943, réfractaire au STO et présent au château ce jour-là.

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